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il y a un siècle, jour par jour
6 août 2015

Enterrement sur le front

Article de Presse.

Enterrement.

Un officier d'infanterie, entre deux récits de combats, nous parlait de la vie du front, cette vie constamment mêlée à la mort.

Rien, n'est plus impressionnant, nous disait-il, qu'un enterrement au front.

Dans un petit village près de Seppois-le-Bas en Alsace, nous avions établi le poste de secours, occupé quelques maisons et des cantonnements un peu partout.

L'église était entourée par le cimetière. Les sépultures françaises d'un coté, celle des Allemands de l'autre. Un obus tombé au chevet de l'église, avait brisé les vitraux ; les murs criblés de cicatrices en faisaient un tableau poignant.

Dans ce décor, que les beaux jours avaient paré de feuillage et de fleurs se déroulait presque quotidiennement la scène de l'enterrement d'un des nôtres tué aux tranchées de première ligne.

Le corps identifié était amené au poste de secours. Quand on avait fait un petite pâque de tout ce qui se trouvait dans les vêtements du soldat frappé au champs d'honneur, les sapeurs du Génie construisaient une bière et creusaient une fosse. Ah ! Ces petites tombes étroites ,entourées de briques rouges, qui s'alignaient régulières chaque jour plus nombreuses !! Combien il nous était cher ce petit cimetière !

Les camarades du défunt avaient passé la soirée, c'était toujours ainsi, à tresser des couronnes avec des branches du sapin et des feuilles de chêne;on entendait le bruit du canon ; le convoi contournait le mur déchiqueté par les balles, et l'on descendait la bière blanche que notre drapeau avait recouverte. Et là une minute d'émotion insurmontable ! Les poilus, insouciants des obus, et des taubes baissaient la tête et beaucoup pleuraient.

L'officier prononçait quelques paroles, disait adieu à celui qui dormirait son dernier sommeil dans ce coin perdu, loin du pays natal. Et puis on se serrait la main. Chacun regardait fixement son voisin, et nous, les officiers comprenions que cela voulait dire : «  A quand notre tour ! »

Tel est un enterrement au front. Pas de spectacle en effet ne doit être plus émouvant ; Et, pour habitué que l'on soit à la mort, il n'est pas un homme qui ne frisonne au cours de la petite cérémonie. L.M. (l'avenir de la Vienne).

1915-08-06 seppois le bas

 

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