Premery (nièvre) - La Campagne contre nos troupes Noires de l'armée du Rhin.
3 Juin 1920
Prémery (Nièvre)
Le 1er juin, après-midi, les ouvriers de l’entreprise Heymann, à l’usine Lambiotte, chargeaient des sacs de ciment. L’une des pilles bascula et une cinquantaine de sacs tombèrent sur trois ouvriers qui travaillaient au chargement.
Ce sont les nommés François Contos, de Saint-Bonnot, qui eut la jambe cassé ; Octave Goux, de Saint-Bonnot, qui se plain de contusions internes, et J.B. Lopard, qui a une entorse au poignet.
La Campagne contre les noirs
Depuis quelques temps, bonne partie de la presse allemande mène campagne contre nos troupes noires de l’armée du Rhin. Elle les charge de tous les méfaits imaginables ; elle leur reproche, avec une véhémence particulières, leurs succès trop faciles auprès de certaine Gretchen au cœur tendre. Voile-toi la face, ô pudique Allemagne ! Lève les bras au ciel ! Ces africains sont insatiables ! Toujours vainqueurs : victoires sur les femmes après victoire sur les hommes. O comble de scandale ! O comble d’infortune.
Non, là, est-ce sérieux ? Voyons, si les filles blondes du Rhin font de doux yeux à nos moricauds, cela ne regarde qu’elles, après tout ; ce n’est point là affaire d’État, pas plus d’ailleurs, qu’affaire de ces « mères suédoises », qui, à point nommé, sortent de la coulisse, pour protester, une fois encore, en faveur des malheureuses « mères allemandes ». Vertueuses matrones ! En ont-elles jamais fait autant pour les mères françaises et le belges et les serves et les roumaines et les polonaises , Moi, je ne me rappelle pas. Et vous ? Drôles de neutres, tout de mère : Drôles de Suédoises ! Bah : sourions et passons.
L’intérêt de la campagne est ailleurs. Il est dans le but qu’elle poursuit obliquement. Il importe assez peu, au fond aux Allemands, que nos soldats du Rhin soient de peau blanche ou de peau foncée. Ce qu’ils désirent, par contre, avec ardeur, c’est d’en voir diminuer le nombre et ils se disent que, s’ils nous amenaient à retirer « nos Noirs », nous nous trouverions passablement embarrassés. Notre classe 1918 est en voie de libération et il ne va plus, ensuite, nous rester sous les drapeaux que deux classes, dont la dernière en plein débourrage..