409e R.A.L. Piteuse réception à Poitiers

7 mai 1919

Piteuse réception

Mieux vaudrait certainement passer sous silence la réception faite ce matin au 1^er groupe du 409^e d’artillerie lourde. Mais puisque l’autorité militaire n’a pas cru devoir accueillir les différents projets qui lui étaient soumis par la presse locale et régionale, nous annoncerons à nos lecteurs que les braves artilleurs dont on avait perdu la trace, dimanche dernier, ont été enfin retrouvés et qu’ils sont même arrivés ce matin à Poitiers.

Hier soir, à 5 heures, la Place communiquait à la presse une note que nous transcrivons fidèlement :

a) le premier train amenant les artilleurs du 409^e R.A.L. est signalé comme devant arriver aujourd’hui 5 mai à 21 heures 6 à Lessart.

b) le 1^er groupe du 409^e doit venir par4 trains au lieu de 3, les 4 (?), 5,6 et 7.

Lieu et hure de débarquement, Lessart, 8 heures 1.

c) Le ministre signale les jours d’arrivée des 4 trains transportant le 3^e groupe du 409^e, les 8;9;10 et 11. Arrivée à Lessart à 8 heures 1.

Ce matin, vers 8h.45, la Place nous informait que le 1^er groupe du 409^e arriverait vraisemblablement à 10 heures au Pont-Guillon.

A l’heure indiquée, avec un simple retard de 5 minutes, nous répondions à l’aimable convocation de l’autorité militaire, mais la grandiose et solennelle manifestation était déjà terminée.. Les trompettes sonnaient la marche et le groupe se dirigeait vers la caserne des Dunes. C’est à peine si les grosses pièces traînées par six chevaux étaient ornées de quelques branchages.

Que s’était-i passé ?

Oh ! c’est bien simple. Les officiers, sous-officiers et canonniers composant le détachement étaient descendus de cheval et s’étaient rassemblés devant un fourgon transformé en cantine. Un quart de Champagne leur avait été offert et le colonel les avait invités à boire à la santé de la ville de Poitiers.

Quelques officiers de la garnison et de faibles détachements des régiments étaient présents.

M. le Préfet avait envoyé pour le représenter son chef de cabinet, M. Hupolox,et M.Marc Niveaux, premier adjoint retenu à l’Hôtel-de-Ville, s’était fait excuser.

C’ est ça la réception, ça valait pas la peine de se déranger,disait à ses voisines une brave femme du quartier en regagnant son domicile.

C’est aussi notre avis.

Les hommes composant le détachement sont étrangers à notre département. Ils ne connaissent donc pas nos patriotiques populations. Il faut qu’ils sachent, « et nous tenons à le rappeler aujourd’hui » qu sans un fâcheux concours de circonstance, une enthousiaste réception leur était réservée par les Poitevins. Il faut qu’ils sachent que dimanche dernier toutes les autorités civiles et les enfants de nos écoles publiques chargés de gerbes de fleurs étaient rassemblés dés 9 heures place du Pont-Guillon et que jusqu’à une heure assez avancée de la soirée, des centaines et des centaines de Poitevins n’ont cessé de circuler, entre la Porte-de-Paris et le Moulin. Apparent, espérant toujours saluer et acclamer les vaillants artilleurs.

Vive le 409^e ! (sur l’article il est écrit 400^e)